Maxe ne dort pas de la nuit. Au matin, pour la première fois de sa vie, elle ne veut pas aller à l’école. Pourtant, Maxe aime être en classe. Il y a certes des matières qui lui plaisent moins que d’autres. Mais, tous les matins, elle sourit à l’idée qu’elle va y revoir ses amis. Aujourd’hui, cependant, c’est différent. Elle ne veut voir personne. Elle n’a même pas parlé à ses parents de la deuxième photo. Néanmoins, quelque chose la pousse à prendre le chemin de l’école en compagnie de Léo.
– Ce n’est pas moi.
Léo la regarde, un peu surpris. Il y a cinq minutes déjà qu’ils marchent vers l’école, et Maxe n’avait encore rien dit.
– De quoi parles-tu ?
– Ce n’est pas moi sur la photo, mais personne ne va me croire.
– Comment, ce n’est pas toi ?
– C’est bien mon visage sur la photo, mais ce n’est pas mon nombril.
– Ton nombril ? Comment ça, ce n’est pas ton nombril ?
– Sur la photo, le nombril est sorti. Le mien est creux. Regarde.
Maxe soulève son chandail et Léo voit bien la différence.
– Eh bien voilà ! Tu n’as qu’à montrer ton nombril et tout le monde va comprendre que ce n’est pas toi sur la photo !
– Je ne suis pas du genre à montrer mon nombril à tout le monde. Et de toute façon, chacun va bien voir ce qu’il veut voir.
Dès que Maxe entre dans la cour d’école, elle se fait taquiner et parfois insulter par les autres élèves qui, tous, ont reçu la photo.
Léo essaie bien de la défendre, mais tout le monde rigole bien de Maxe.
Tout à coup le grand Charles s’approche.
– Non, pas lui, murmure Maxe.
– Charles, laisse-la tranquille, dit Léo.
Mais Charles n’a pas le goût de rire. Il regarde Maxe et lui dit :
– Il est allé trop loin.
– De qui tu parles, Charles? lui demande Léo.
– Je sais qui te harcèle et envoie les photos. Venez, suivez-moi.
Charles les entraîne vers l’autre bout de la cour d’école. Chaque fois qu’un élève s’approche de Maxe, le regard sévère de Charles suffit à lui faire comprendre de se tenir tranquille.
Charles s’arrête et pointe du doigt le coupable.
– C’est lui, dit-il. C’est Sébastien.